Les îles Gambier, un Musée d'Histoire pour l'Océanie

Les îles Gambier, un Musée d'Histoire pour l'Océanie

. Fantastique Ile de Pâques - F. M.

1- "Fantastique Ile de Pâques"

 Livre de Francis Mazière 1963

 

 

L'Ile de Pâques gardera-t- elle, elle aussi, ses secrets?

"Nous ne saurons probablement jamais la finesse ou la source profonde de ce contact si important qu'avait l'homme avec la nature. Toute la grande tradition "païenne" s'est fracassée comme se sont fracassés les chignons de pierre rouge".

(Francis Mazière  "Fantastique Ile de Pâques, des yeux regardent les étoiles" P.203)

 

 

Depuis les années 1600, les navires espagnols officiels ou pirates posés sur les cotes Mexicaines, Péruviennes et Chiliennes parcourent le Pacifique, cherchant plus à commercer ou à piller des biens qu'à poser un drapeau ou transmettre une religion. Nous avons vu qu'aux Iles Gambier, tout se passa bien tant que l'Archipel ne fut pas cartographié, soit jusqu'en 1797 où l'Amiral James Wilson amenant 18 missionnaires protestants à Tahiti l'aperçut au loin.

AUX ILES GAMBIER

De leur côté, les Iles Gambier vécurent encore quelques années libres de vénérer leurs ancêtres, les rares commerçants ou protestants ne changeant que peu de choses à leurs habitudes. Pourtant, la coutume ancienne d'accueillir les airois par des chants et des danses, avec la joie de pouvoir engendrer de beaux bébés au sang renouvelé grâce à ces marins courageux,  provoqua alors autant de dégâts que sur les autres archipels, la population touchée ici aussi par cette terrible maladie vénérienne.

En 1826, l'Archipel accueillait un navire d'exploration anglais. En 1832 un drapeau Mangarévien flottait sur Mangareva. En 1834 arrivèrent les pères catholiques  des Coeurs de Jésus et Marie, les Pères Caret et Laval de la Congrégation de Picpus établissant une autarcie catholique qui, obligeant à des mœurs sévères, permirent à cette maladie de disparaître, mais n'abaissant pas la mortalité pour autant, celle-ci renforcée par les travaux Herculéens imposés pour la construction de nombreux bâtiments, et par la pêche des perles qui, sans scaphandre, se faisait malheureusement de plus en plus loin en profondeur.

 

A L’ILE DE PÂQUES 

Que se passait-il alors à l'Ile de Pâques?

Celle-ci se situe sur la route de Santiago du Chili vers l'Australie, passant par les Iles Gambier, bien placées toutes deux pour l'approvisionnement en eau, bois et nourritures diverses, comme l'étaient aussi les Cook, les Tonga, Fidji, et la Nouvelle-Calédonie... et inversement entre l'Australie et Santiago bien-sûr... le commerce étant déjà établi dans les deux sens.

 

Ile de Pâques

- Visitée dès les années 1600 par commerçants espagnols et pirates...

- 1686 On site Edward Davis en 1686

-1722  Jacob Roggeveen en 1722 (le 5 Avril, jour de Pâques), les moai sont tous debout... "Pour apprêter leurs mets, ils se servent comme nous de pots de terre".

 cliquer sur le lien : 1722 à l'Ile de Pâques

- Baleiniers, santaliers... marchands de nacres et d'écailles de tortues...

- 1770 Felipe Gonzales qui l'annexe à l'Espagne en 1770 ( Isla San Carlos) fait planter trois croix sur les sommets du Poike; et fait signer l'annexion par des chefs dont la signature est en Rongo-Rongo.

- 1774 Cook y passe et note que quelques moai ne sont plus debouts (et son naturaliste Forster y décrit le toromiro)

- 1786 La Pérouse y séjourne quelques jours déposant chèvres et légumes d'Europe

- 1804 et 1816 des Flottes russes - des baleiniers - des maladies... 

...

- 1862 Fin des explorations pacifiques

Les marchands de guano emportent un millier de Pascuans en esclavage. 

...

- 1864 Les frères de Picpus dont Eugène Eyraud (Tepano Jaussen les a envoyés de Tahiti)... E.E. signale que les Pascuans suspendent des tablettes de bois ou possèdent des bâtons couverts de signes dans toutes leurs maisons : "des figures d'animaux inconnus dans l'île".

- 1866 le Père Hyppolite Roussel et trois mangaréviens. H.R. écrit un dictionnaire de la langue Pascuane. 

Dernière cérémonie de l'homme-oiseau à Orongo (F.Maz.P.94)

 

- 1868 les 645 survivants sont tous baptisés. "Un désastre : tapu devient tabou"... Les récitations dites païennes (sacrées de l'époque ancienne, "tapu") dites dangereuse pour les âmes deviennent interdites (tabou)... le sacré devient interdit. Tous les objets en bois sculpté sont brûlés. Pourtant, en 1868,  sous la demande du vieux maître rongorongo Ko Pihi Ure Oho vivant isolé à Vaihu et l'initiée Ko te Oho a Neru, mère de Nicolas Pakarati (Ure-P-Tahi a te Pihi a Pu Reva-reva),  une tablette en bois entourée d'une tresse de cheveux et riche de son écriture ancestrale sera amenée à Tahiti par le père Gaspard Zumbohm pour donner à  l'évêque Tepano Jaussen, lui-même appelé "maori rongorongo" par les Pascuans. 

 

Une écriture ancestrale qui ne sera plus brûlée mais au contraire qui prend de la valeur pour le troc :

" Mgr. Tepano prend immédiatement conscience qu'à l'Ile de Pâques il y a bel et bien la trace d'une civilisation possédant une écriture. Dès lors, le prélat va considérer l'ethnie Maori tout à fait différemment (il ne les dira plus sauvages et cruels) et son profond attachement pour les Polynésiens durera jusqu'à sa mort en 1891. Ses recherches et ses écrits en sont le témoignage. (Lorena Bettocchi  P.14) 

- 1868 le Navire anglais La Topaze emporte un moai sacré d'Orongo (La Briseuse de vagues - ou "ancêtre caché" : Hoa-Haka-nana-ia) au British Museum. Le chirurgien Linton Palmer prend beaucoup de notes. Sur ses enregistrements, nous apprenons que les Pascuans dessinaient aussi sur des feuilles de tapa de mûrier à papier alors que jusque là, nous ne connaissions que les oiseaux dessinés sur la cape du chef Atamu te Kena. Les élèves étaient initiés sur feuilles de Ti ou de bananier.

- 1868 encore : arrivée de Dutrou-Bornier qui va transformer l'île en ranch à moutons.  La mission et les colons européens procèdent à d'importants achats de terre à bas prix, moyennant des coups de fusil et de canon. 

-1870 Deux tablettes Rongo-Rongo sur les trois emportées par une corvette à but scientifique sont aujourd'hui conservées au Musée national de Santiago du Chili.

- 1870 Dutrou-Bornier se sépare des missionnaires et s’autoproclame Roi.

- 4 Avril 1871 Devant cet état de fait, le Père Roussel et le frère Théodule Escolan embarquent avec la moitié des survivants pour Mangareva et Tahiti ne laissant sur l'île qu'une centaine de Pascuans... Tepano Jaussen  arrivé en 1849 à Papeete reçoit en cadeau une rame européenne gravée de signes Rongo-Rongo et quatre tablettes.

- 1871 Association de Dutrou-Bornier avec l'éleveur écossais John Brander (époux de Titaua Salmon depuis 1856) installé à Tahiti. L'initié en Rongo-Rongo, Metoro Taua-Ure a Toro, baptisé, part au service de Brander à Tahiti où il aidera ensuite Mgr. T. Jaussen à élaborer un "répertoire des signes boustrophédon"... malheureusement truffé d'erreurs. D'autres tels Daniel Ure-Vae-Iko et Kauituoe mémoriseront quelques récits des maîtres. Ce répertoire sera envoyé par l'évêque dans toutes les contrées de l'Océanie ainsi que dans les Académies d'Europe...

Monseigneur Jaussen, 

Ardéchois, de la Congrégation de Picpus, arrive le 15 Février 1849 à Tahiti. Il fit se développer la culture des cocotiers sur les atolls, créa un dictionnaire et une grammaire de la langue Maori, traduisit bien-sûr le nouveau testament et fit un résumé de l'histoire sainte de la Bible en langue tahitienne, mais surtout, consacra les sept dernières années de sa vie (1884 à 1891) à la rédaction de ses mémoires, d'un traité d‘ethnographie sur la Culture Maori et à faire prendre conscience au monde de l'existence de cette écriture Rongo-rongo.

 

A l'Ile de Pâques : on élèvera plusieurs milliers de moutons.

- 1871 encore : L'anthropologue Russe Miklukho Maklai rentrera de Tahiti, des Gambier et de Pâques avec deux tablettes dont une très belle.

- 1872 Une centaine d'hommes de la frégate La Flore où se trouvait l'écrivain Pierre Loti (Julien Viaud) abattent plusieurs moai par pur vandalisme. La Flore ramena une tête colossale au Musée de l'Homme à Paris. Pierre Loti décrit des incrustations d'obsidienne dans les colliers en zig-zag des Moai de Rano-Raraku qui n'existent plus depuis longtemps déjà. Loti dira : ""Les statues, il y en a de deux sortes : d'abord celles des plages qui, toutes, sont renversées ou brisées, et puis, les autres, les "effrayantes", d'une époque et d'un visage différents, qui se tiennent encore debout là-bas, sur l'autre versant de l'île, au fond d'une solitude où personne ne va plus".(F.M. P.133)

- 1876 mort de Dutrou-Bornier... 1877 Mort de John Brander 

- 1877 à 1888 Alexander Paea Salmon (dit Tati), beau-frère de Brander, prend la direction de l'élevage. 

- 1877 Le Français Adolphe Pinard fait des recherches à l'Ile de Pâques, ramenant "de nombreux objets qui feront l'orgueil des Musées" et un récit remarquable, fort détaillé de son voyage. Il dénombre alors 111 habitants à l'Ile de Pâques.

 

- 1879-1888, une équipe de Tahitiens séjourne à l'Ile de Pâques dans la paix.

- 1882 Deux chercheurs Allemands, dont Wilhelm Geissler, arrivés avec le navire Hyäene prospectent l'île, relèvent les maisons d'Orongo, et rapportent de nombreux objets pour le Musée de Berlin.

- 1886 L'Américain  William J. Thomson à bord du Mohican travaillant pour le musée de Washington découvre l'écriture Rongo-Rongo sur les pétroglyphes et s'intéressera aux chants de Daniel Ure-Vae-Iko et Kauituoe, derniers témoins. Il fut le premier à prendre les moai en photo et ramena les deux dernières tablettes, ayant appartenu à un membre du clan Marama, ami des Miru.

- 1888-1953 Annexion de l'Ile de Pâques par don Policarpo Toro pour le Chili, abandonnant l'exploitation de la terre à la Compagnie anglaise Williamson et Balfour.

Ainsi,  la terre fut abandonnée aux moutons et aux chevaux. La lignée royale, descendant de Hotu Matu'a (le clan Miru) étant éteinte depuis 1861, un « traité d’annexion de l’île » est signé avec un certain Atamu Tekena, reconnu comme « roi » par le gouvernement chilien.

 

Les "Pascuans/Tahitiens" furent parqués dans le village d'Hanga-Roa, qui fut ceinturé de barbelés dans lequel s'ouvraient deux portes qui ne pouvaient être franchies qu'avec l'autorisation d'un chef militaire chilien. 

- 1914  Révolte organisée par la prêtresse Anata et relâche de six croiseurs allemands venant de bombarder la population civile de Tahiti sans motif.

 

- 1914  Année d'ouverture du Canal de Panama.

 

- 1916 L'ethnologue Katherine Routledge découvre des inscriptions sur les corps de moai recouverts de terre et décrit Orongo. Cette scientifique britannique a reçu un cahier ancien d'écriture Rongorongo (feuillet ou ensemble de feuillets ?), cahier donnant la traduction en Pascuan de tous les signes Kohau Rongo-Rongo. Celle-ci sut ainsi réécrire les récits anciens racontés par Partemore te Haha (Ramon) né en 1830 et par Tomenika Vaka-Pate,  petit-fils de Tea-Tea (comme F.M. plus tard en 1964 en recevra un, et le photographia pour ne pas l'enlever de l'Ile de Pâques . Et, comme encore F.M. le confirmera 50 ans plus tard, celle-ci nota la présence d'une couche de terre dans les profondeurs du fossé séparant le Poike de l'île (F.M. P.161). Ses notes sont conservées au British Museum.

- 1933  Guillaume de Hevesy, savant anthropologue, compare les écritures Rongorongo mises en évidence par Mgr.Tepano Jaussen (1868) à celles qui viennent d'être découvertes au Paquistan dans les villes de Mohenjo-Daro et Hgarappa, notant la ressemblance d'au moins 48 signes.... 25.000 km séparent ces deux régions du globe.

- 1933-1968 Le Père Capucin Sébastien Englert re-évangélise l'île.

- 1934-35 La mission de travail archéologique Franco-Belge de Henri Lavachery dont fait partie l'ethnologue Alfred Métraux s'attaque à son tour aux énigmes de l'Ile de Pâques, y découvrant une Civilisation magnifique malheureusement mystérieuse. H.L. photographie le dernier arbre Toromiro dont parlera Francis Mazière en 1963 à l'intérieur du Volcan Rano Kau, arbre mort depuis. Alfred Métraux indiqua que "le système pictographique des Indiens Kuna de Panama contient toute une série de symboles identiques à ceux de l'Ile de Pâques", rangés à la manière boustrophédon, comme eux. (A.M. put échanger avec Peter Buck et Kenneth Emory lors d'un long séjour à Hawaï). C'est au cours de cette expédition que leur équipe découvrit que les moai du cratère de Rano-Raraku possédaient un corps enseveli par des années d'érosion du volcan et présentaient de magnifiques pétroglyphes.

- 1950 Thomas Barthel, Allemand passionné d'écritures, commença un travail de mémoire sur les signes Rongo-rongo et en publia en 1958 toute la banque de données en 1958. 

 

1953-1966  L’île est sous le contrôle de la Marine chilienne.

 

- 1955 Thor Heyerdahl - expédition norvégienne. relève le moai en tuf rouge de Vinapu, examine Orongo et pense y voir un observatoire solaire. L'archéologue découvre des manuscrits écrits par des Pascuans sur le Rongorongo et la tradition orale qu'il va prendre en photo.

1957-58 L'allemand Thomas Barthel de l'Université de Hambourg va recenser 24 objets conservés de par le monde comportant des signes anciens Rongorongo.

 

- 1960 Tremblement de terre au Chili : raz de marée sur Tonga Riki (Hotu-iti)... chute des 15 moai ???...!!!

 

- 1960 Restauration de l'Ahu A'Tiu (Akivi) et de ses 7 moai par William Mulloy;

renouveau de la Culture Rapanui.

- 1961 Premier vol commercial vers l'Ile de Pâques.

- 1963 Francis Mazière accompagné de sa femme Polynésienne Tila, de son ami anglais Bob Terry et de trois Pascuans vont séjourner sur Anakena, au Poike, à Rano-Raraku et à Orongo nous livrant des informations fort intéressantes dans le livre "Fantastique Ile de Pâques". F.M. pourra photographier la copie du "cahier" reçu par K.R en 1916...celui-ci conservé en secret par leurs amis pascuans.

---  Restauration d'une douzaine de Ahu 

 

- 1965 Alfonso Rapu devient le premier maire autochtone, maire de Hanga Roa.

- 1966 Les Pascuans reçoivent la nationalité chilienne, sont autorisés à quitter la réserve, et l’île devient un territoire de droit commun.

- 1967 Premier vol commercial vers l'Ile de Pâques.

- 1984 Sergio Rapu, archéologue, frère d'Alfonso, est le premier gouverneur autochtone.

 

- 1995 L'île de Pâques est inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO;  Catherine et Michel Orliac y dirigent une mission archéologique

1997 Steven Fisher étudie à son tour l'histoire et le catalogue des tablettes Rongo-Rongo.

- 2003 Nicolas Cauwe vient séjourner au nom des Musées d'Art et d'Histoire  de Bruxelles

- 30 Juillet 2007 Une réforme constitutionnelle dote l’île d’un statut de « territoire spécial », mais elle continue en 2016 d’être administrée comme une province de la Région de Valparaíso.  

LE LIVRE DE FRANCIS MAZIÈRE  - 1963  

"Fantastique Ile de Pâques, des yeux regardent les étoiles"

Francis Mazière P.214 invoque rapidement l'idée, sans l'approfondir ni l'imposer, d'une possible explication au déplacement des statues parlant d'"irradiation..." plaçant son livre à cause de cette phrase malheureuse et pourtant juste subjective dans la catégorie de l'extraordinaire, de l'impossible. Sans accepter une telle méprise, il nous faut néanmoins reconnaître que ses travaux ont été d'une grande importance. Je vous en propose ci-dessous un résumé dont la conclusion P.208 corrobore parfaitement avec le fait qu'une grande Civilisation a pu en précéder d'autres dont les survivants ont pu transmettre par l'image le souvenir d'un savoir perdu de très haut niveau...

                            

A VOIR SES PHOTOS ET SES FILMS...ABSOLUMENT : tous les documents, objets et sites furent photographiés ou filmés... à l'époque des 10.000 moutons errant et dévorant tout...et où les insulaires étaient "parqués" par du fil barbelé... 

 

DANS SON LIVRE, NOUS NOTONS :

"L'équipe de Francis Mazière a découvert des crânes de dolichocéphales (crânes allongés) parmi des brachycéphales (crânes plus larges que profonds)" (P.66).

"Le caractère sacré de la tête et particulièrement des cheveux considérés comme récepteurs et émetteurs de force, est une chose remarquable que l'on retrouve très souvent ...montrant la valeur de Mana attachée aux cheveux" (P.86).

"Les tortues sacrées, servaient de lien entre toutes les îles polynésiennes".

"Le grand chef était entièrement tatoué des symboles les plus raffinés de la tradition, cette incarnation du Mana, couronné de plumes, vêtu d'un poncho de tapa couvert de plumes, jeté sur son corps bleuté de tatouages")...incarnation vivante d'une force supérieure ... Vivant dans l'ombre de ce grand chef, les prêtres, choisis dans les grandes lignées, avaient un rôle que nous connaissons fort mal, mais qui fut, je pense, semblable à celui des prêtres Polynésiens : gardiens et enseignants de la tradition ... les hommes responsables du sacerdoce s'appelaient Tumu ivi Atua, que nous pouvons traduire par "les descendant des Atua" (P.87)...   ...Rappelons que Maurice Leenhardt qui séjourna longtemps en Nouvelle-Calédonie disait que ces chefs se réincarnaient toutes les quatre générations. et notons que "Atua" pourrait être traduit par "ministère ancestral" plutôt que par "dieu"...Et comme Maurice Leenhardt, F.M. insiste sur le rôle du discours des chefs : "La force du Verbe,de la Parole, était ici ressentie profondément" (P.104)... du silence aussi : on ne transmet pas le secret en direct : il faut un maillon de responsabilité, cette double transmission ...ici symbolisée par la femme de Francis Mazière, polynésienne, qui connait cette symbolique comme elle pense le langage des hommes du silence. Les indigènes lui transmettront les secrets, qu'elle transmettra à son tour (P.205).

L'ART DE LA STATUETTE et des pétroglyphes

P.202 Tout l'art était anthropomorphe (animal prenant forme humaine), base du totémisme de bien d'autres Peuples pas que polynésiens : hommes-oiseaux, hommes-lézards, hommes-poissons (tangata-ika)... une osmose entre l'homme et l'animal. Autrefois, certaines femmes vivaient avec un lézard dans leur chignon, petit lézard apprivoisé, leur conférant un mana

L'ART DES "AUTRES HOMMES" (des hommes d'avant... des ancêtres...)

P.211-217 "Hormis les statues géantes, il y a à l'Ile de Pâques une sculpture dont l'intérêt est remarquable; cette représentation en bois de toromiro s'appelle le Moai-Kavakava figurant un homme décharné, diminué, amoindri, comme atteint de dysenterie et en plus présentant un goitre" (maladie provoquant une augmentation du volume de la thyroïde, très fréquente sur le globe, due à une carence en iode, sachant pourtant que la mer est un milieu qui contient une grande quantité d'iode); "de plus, on n'y retrouve pas le caractère polynésien ni dans le faciès, ni dans le traitement de la sculpture corporelle. Ces statuettes très peu nombreuses existent en petit nombre dans les Musées et certaines collections privées. Les quelques exemplaires qui subsistent sont soigneusement occultées dans deux cavernes de l'île. Dès que les Pascuans eurent cédé ou échangé les authentiques qu'ils possédaient, ils se mirent à fabriquer des copies médiocres, sans inventions...qu'ils échangèrent jusqu'à nos jours aux rares bateaux qui abordèrent l'île. On est frappé de constater que les caractéristiques de ces figurations humaines furent omises dans les premières copies, l'art moderne n'ayant retenu que le côté apparent grotesque d'un symbole incompris". (P.214 autres caractéristiques du Moai Kavava : "nez busqués, rictus des lèvres, affaissement des vertèbres cervicales, représentation d'une brisure entre les lombaires et dorsales... semblant représenter une autre race"). 

L'ÉCRITURE RONGO-RONGO : Maori-Kohau-Rongo-Rongo

Le "Rongo-rongo" est une écriture boustrophédon (écrite à la manière du bœuf marquant les sillons dans un champ), pictographique (dessins figuratifs stylisés) et idéographique (symbole incarnant une idée) spécifique de l’Ile de Pâques, faite de quelques signes assemblés, gravés sur la pierre, ou de longs textes gravés sur des tablettes de bois bien choisi (toromiro, hau-hau, hibiscus, …). Elle n'était utilisée que par une élite : le grand chef, les chefs des six districts, les maîtres initiés et leurs élèves. La compréhension des signes disparut avec celle des Maîtres (les Maori). Ces tablettes étaient appelées "Kohau Ki Iri Ti Te Atua" par les Pascuans, signifiant « lien avec les Atua », lien avec les ancêtres , ce qui indique que ces tablettes étaient la mémoire de toute une vie ancestrale, des livres d’histoire, de géographie et de sciences. (Beaucoup ont cru pouvoir traduire « Atua » par  Dieu alors qu’en fait les « Atua » en Océanie sont tout simplement les grands hommes qui ont fait l’histoire, une histoire remontant à l’origine de l’homme.. Aujourd’hui, seulement 26 tablettes sont conservées de par le monde et ont été listées par Catherine et Michel Orliac et le CEIPP en 2008. Chacun pourra se faire une idée de la complexité de cette écriture en lisant le fabuleux travail effectué par Lorena Bettocchi qui sut tenir compte des travaux de Tepano Jaussen, de William Thomson, de Katherine Routledge, d'Alfred Métraux, de Thomas Barthel et de Steven Fischer pour essayer de lire à son tour cette écriture énigmatique. (Voir le numéro 105 de la Revue Kadath  « Chronique des Civilisations disparues - Spécial Rongo-rongo »). « Le guide de Katherine, Ramon te Hana, né en 1830, lui disait : "Chaque année, l'Akariki Nga-Ara réunissait ses Maori Rongo-rongo à Anakena. On les entendait venir de loin, tapant le sol de leur bâton. Ils tenaient à la main une ou plusieurs tablettes. L'Akariki se tenait sur un mur élevé, les visiteurs en lignes assis à ses pieds et entourés de leurs élèves. Ces jeunes représentaient toutes les forces vives de l'île » (.LB. P.25) ...

Cette écriture a des points communs tant avec celle des Indiens d’Amérique (par exemple de la région Kuna au Panama citée par Alfred Métraux) qu’avec celle de l’Asie ancienne (par exemple avec celle découverte gravée sur des plaques de cuivre en 1933 au Pakistan actuel travaillée par le savant hongrois Guillaume de Hevesy qui décrivait alors une bonne cinquantaine de pictogrammes communs entre les deux écritures boustrophédon toutes les deux (sur 12.000 signes enregistrés jusque maintenant pour l’écriture Rongo-rongo). P.221

Comme toute réalisation artistique en Océanie possédait un ensemble de détails qui, assemblés de manière figurative sur une œuvre, lui donnaient un sens impossible à comprendre sans explication, sans transmission (Maurice Leenhardt par exemple explique qu’une langue tirée au milieu d’un visage n’avait rien de moqueur, signifiant juste le rôle modérateur porté par tout chef qui prenait la Parole, ou l’exemple de la plume associée au mana des ancêtres, impliquant un rôle de Sagesse) de même, les idéogrammes possédaient des significations difficiles sinon impossible à comprendre par nous aujourd’hui. F.M. P.223 « Il est certain que nos propres transcriptions ne pourront sans doute malheureusement pas atteindre la puissance de pensée renfermée dans ces idéogrammes » (F.M. prenant, lui, l'exemple des deux symboles primitifs dont la signification connue aujourd'hui ne l'est que grâce à une transmission ancestrale, celui des cercles concentriques, symbole de vie, et la croix Svastika aujourd'hui appelée croix gammée, alors symbole de chance et d'éternité).

 

Bien que l’arrivée des Européens dans le Pacifique ne date que de deux ou trois siècles en arrière, tous les indigènes des nombreux Archipels d’Océanie qui ont eu la vie sauve ont perdu le souvenir de leurs cultures ancestrales, cultures qui avaient permis à leurs ancêtres de survivre à bien des cataclysmes, culture riche de savoirs pour ces enfants nés entre ciel et mer.

Nous ne saurons peut-être jamais comment les Pascuans ont connu ou inventé le Rongo-rongo, et si cette écriture leur a été confiée, d’où elle a pu venir. (Il en est de même de cette quête bien pitoyable créant tant de déchirements entre scientifiques intègres et scientifiques intolérants en ce qui concerne les déplacements maritimes des populations amérindiennes du début du Néolithique). Pour avancer dans cette quête à retrouver les derniers souvenirs ancestraux perdus au fond des mémoires des anciens, il est nécessaire et urgent de travailler tous ensemble, à une époque où internet permet de rassembler tellement facilement les données éparpillées : la navigation, les rites liés à la survie dans des îles (alimentation, santé, travail, organisation familiale, visites inter-îles…). Qui sait si quelques tablettes enfouies dans la terre ou si les textes non déchiffrés encore ne cachent pas quelques surprises sur ces savoir-faire disparus ? qui sait aussi si nos réserves de Musée ne taisent pas quelques découvertes pouvant encore déranger quelques scientifiques pour qui l’humanité ne commença que quand les glaciers avaient fondu…disons moins de 10.000 ans d’histoire alors que tant de vestiges mégalithiques subsistent au fond des Océans.

...En 1862, des Péruviens kidnappèrent environ un millier d'habitants dont le roi (Maurata), pour travailler dans les gisements de guano du Pérou. Après cette rafle, plus personne sur l'île ne pouvait désormais traduire les tablettes. 

 

 

LES SITES EXPLORÉS PAR FRANCIS MAZIÈRE ET LEURS PARTICULARITÉS 

Sur les 887 statues dénombrées à l'Ile de Pâques, 150 auraient été enfouies au fil du temps...

RANO-RARAKU

P.135 Dressés ou couchés, 276 géants surgissent là, et nous savons maintenant qu'il y en a sans doute autant sous la terre. Le plus petit a 3 mètres, et le plus grand 22 mètres, les uns à l'intérieur du cratère, les autres débordant de la lèvre du volcan, s'avancent vers la mer; Certains sont sculptés dans une roche différente, non recouverts de mousse... 

P.132 F.M. étudie là le rayonnement d'axes établis à partir des regards des 193 moai encore dressés et placés de part et d'autre du cratère., pensant que leurs emplacements n'ont peut-être pas été choisis au hasard et donc que ces "statues" taillées puis enfoncées en terre (ou recouvertes dirions-nous aujourd'hui) avaient pour rôle de rester ici, comme en garde du volcan. P.133 Le nombril du monde, une pierre rouge : "Tous les moai qui regardent le Sud sont différents; ils gardent les forces des vents du Sud semblant transmettre leurs pouvoirs à une énorme pierre volcanique rouge , expliquant le nom donné aussi à l'Ile de Pâques : le nombril du monde "Te Pito o te Henua".

P.136 De plus, ces statues sont de deux époques différentes, séparées d'une très longue période, et il y a aussi quelques rares statues en basalte facilement repérables... P.137 La fin de la première période a dû se jouer en quelques jours, car plus de 80 statues sont en plein cours d'exécution. Il y a eu mort, comme pour ces géants qui, par dizaines, arrêtèrent leur marche le long de la piste qui part du volcan.

P.147 à 151 Les plus anciennes seraient celles de la face externe du volcan : elles ont un fini remarquable.  Ces statues de la première époque enfouies sous le sable, datent d'une période bien plus lointaine, l'érosion ayant recouverts toute une cascade de géants superposés partant du bas de la falaise". Elles présentent des symboles dorsaux et leurs mains sont prolongées par des ongles longs... Celles du sommet sont d'un style moins soigné, et d'une qualité de pierre inférieure ; elles seraient d'une deuxième période : la carrière avait dû être abandonnée pendant "des années", l'érosion ayant recouvert cette première cascade de géants partant du pied de la falaise. La seconde migration, devant ces géants levés, aurait alors assimilé, transformé, dégénéré cet art magnifique??? "Elle" aurait remanié les Ahu, utilisant d'ancienne pierre???... (P.152 tout cela corroborerait la thèse de Thor Heyerdall). 

 

P.147-148 Trois chantiers de décapage permirent de dégager les moai de première génération : 1- Un chantier de décapage mettant en évidence un véritable escalier de 4 statues en voie d'achèvement. 2- Un chantier sur une immense tranchée ancienne, taillée à main d'hommes,où furent dégagée de dessous le plancher de terre deux magnifiques statues de 10 mètres de long, de grande beauté, d'une pureté de travail de la pierre éblouissante. 3- Une fouille s'étendant de 70 mètres de long sur 5 mètres de profondeur permit de mettre en évidence 1- Une statue barbue, sculptée la tête en bas et d'une facture parfaite, une pierre parfaitement polie 2- une statue allongée, la plus volumineuse rencontrée, de 10,50 mètres de long et 5 mètres de large, dans l’œil duquel une personne pourrait s'allonger pour dormir...3-  sous l'auvent d'une grotte artificielle qui dominait cette fouille, reposait un géant dont le corps était parsemé de gravures. 4- sur le front de ce géant glissait une "toute petite statue" de 2 mètres de long... 5- plus loin, au bout du couloir de travail, il fallut sortir des tonnes de terre et de gravats d'une sorte de faille de 3 mètres, d'où surgit intacte, une merveille de quelque 6 mètres de long, un géant reposant à plat sur un vaste lit de roche, d'un blanc ocré, ayant gardé sa perfection originale. 7- P.139 Plusieurs sculptures remarquables étaient effectuées  sur les moai de première génération sans être retrouvées sur celle de la seconde période  : " De magnifiques colliers dont les lignes sont le plus souvent en zig-zag, et dans lesquelles, d'après Pierre Loti, il y avait des incrustations d'obsidienne, non retrouvées à ce jour;  un symbole de tatouage encore à étudier ; des traces de peintures ; trois graphiques au niveau des reins fait - de lignes incurvées comme un arc-en-ciel, - d'un cercle parfait et - d'un genre de M majuscule qui pourraient représenter les éléments de la vie : Soleil, Lune et Tonnerre"...

P.173 "Je fixais le visage d'un géant tout piqueté de trous, comme s'il était atteint d'une étrange vérole : les personnes qui étaient tatouées de points colorés sur le visage étaient les savants qui étudiaient le ciel, ce ciel coloré de points d'étoiles".

 

P.225-227  Au sommet du volcan, là où se trouve l'à-pic de plus de 200 mètres, se trouvent deux séries parallèles de trous taillés de main d'homme de 1 mètre de profondeur sur 90 centimètres de large, se succédant à intervalles réguliers. Chaque série de trous est faite de canaux souterrains les reliant entre eux. Ces canalisations sont polies par l'usure. FM note que son équipe repéra des traînées d'usure partant de la rangée supérieure jusqu'au pied des derniers moai en cours de fabrication.

 

Il espérait alors que des chercheurs pourraient un jour étudier ces configurations.

 

P.227 Il existe sur l'île trois chaussées dallées construites de main d'homme s'introduisant dans la mer, indiquant qu'à l'époque de leur construction, l'île était bien plus vaste. Ces trois allées sont à différencier, évidemment, des nombreuses coulées de laves craquelées au niveau de l'Océan. (Nous retrouvons aux Iles Gambier de telles allées dallées enfouies sous l'eau à marée basse).

 

-- TONGARIKI (site Hotu Iti, en bas du Rano-Raraku)

P.164 FM pensait que ç'aurait pu être les vagues du Raz de marée consécutif au tremblement de terre de 1961 au Chili qui aurait pu renverser les 15 moais de 7 à 9 mètres de haut pesant 20 à 30 tonnes...??? pourtant, partout ailleurs, les moai étaient déjà mis à terre... 

P.165 Il y avait là un monceau de dalles finement équarries et polies, dans une pierre que les indigènes m'affirmaient connaître mais que je n'avais jamais vu sur l'île. L'une de ces dalles était particulièrement remarquable. Elle avait environ 1 mètre de large sur 5 mètres de long. C'était un chef-d'oeuvre d'architecture, avec ses faces latérales légèrement biseautées, pour que son inclusion soit parfaite. Ce monument devait être une splendeur.

 

LA RECOMPOSITION DES AHU PENDANT LA SECONDE PÉRIODE :

P.229 : Une conclusion s'impose. Toutes les plates-formes sauf celle de Vinapu montrent la preuve qu'elles furent élevées après la seconde migration car, dans les constructions, on retrouve des dalles des maison-pirogues. Il n'y a aucun doute : une première civilisation fut bien détruite et assimilée par une seconde migration. 

P. 230 F.M. essaie de donner des dates de construction avec les données acquises en 1963, se basant sur les légendes d'Anua-Motua venu de Mangareva (Iles Gambier)(P.69) et d'Hotu-Matua (P.51) arrivé avec les rats et les poules à Anakena... calant l'arrivée du premier dans le premier millénaire de notre ère, et celle du second dans le deuxième. Dans l'un des trois Ahu qui auraient été élevés par Hotu-Matua à Anakena, enchâssé dans la maçonnerie, se trouvent imbriquée 1-une tête dont le faciès rappelle celui de la sculpture agenouillée dont la tête porte une barbe du Rano-Raraku, 2-une très belle sculpture sur basalte représentant dans un slyle très particulier, le vol de deux oiseaux... sculpture qui pourrait dater d'une période pré-Polynésienne.

P.79 et si Anua Motua et Hotu Matua n'étaient qu'un seul et même homme, arrivé du Sud-Est comme le racontent les légendes, de l'Amérique Précolombienne?...Lire P.65 au sujet du dr. Paul Rivet, alors directeur du Musée de l'Homme qui soutenait cette thèse et aussi à ce sujet l'essai du Père Laval sur" l'Histoire ancienne de Mangareva" et le livre "Eteroa-mythes et légendes de Rurutu" de Michel Brun)... 

-- Au POIKE :

P.156  "Là, sur ce grand plateau  appelé "la terre déserte", nous découvrons une quantité impressionnante de villages d'une contexture fort différente"! des maisons pirogues à l'aspect étouffant... Nous remarquions un minuscule Ahu, complètement enterré, duquel émergeaient encore

 

des moai remarquables, petits, de pierre mais de faciès terriblement différents, d'une rare présence.

 

La pierre (obsidienne), extrêmement dure, était de celle qui servait à faire les belles haches, haches s'appelant Toki, tant au Sud de Santiago du Chili  en Auraucanie qu'aux Iles Gambier...

 

Nous remarquons une énorme tête sculptée dans la falaise...

 

C'est dans deux grottes "cavernes des autres" qui regardent vers l'Est que les Neru, les jeunes enfants, étaient initiés à gouverner...gardant la peau claire, les cheveux  longs, et laissant pousser leurs ongles, comme aussi dans les Andes et à Mangareva...

 

P.158  " Il faudra trouver d'autres indices, trouver des crânes, faire une anthropologie comparée. Tout cela, il faudra le découvrir, mais il faudrait pouvoir rester des années sur cette île et y vivre libre".

 

P.186 La femme de F.M. polynésienne de Rangiroa était seule invitée à visiter quelques grottes : comme cette grotte de Poike entièrement taillée et polie de main d'homme et dans laquelle étaient aménagées des niches ayant la forme des objets qu'elle contenaient.

La tranchée de Poike : 

P.161 et 178  Une faille, un fossé de 3 km de long qui sépare le plateau de Poike du reste de l'île. 2 sondages furent accomplis à 5 mètres de profondeur qui confirment la présence de traces de terre rouge et de racines calcinées devenues charbon comme l'avait déjà trouvé K.Routledge en 1916 mais certifiant qu'il n'y a pas eu un incendie comme cette chercheur a pu le laisser supposer puisque rares et répartis sur l'ensemble du plateau, de façon bien localisée - photographiés et filmés par une équipe de chercheurs américains justement de passage à l'Ile de Pâques cette même année - pour être étudiés à l'Université de Californie(P.179).

 

-- HOTU-ITI -   Les grottes, le monde souterrain, monde secret (site de Tongariki)

P.169 Des grottes dans la zone de Tonga-Riki : "Ces grottes sont cachées dans les fougères, leurs entrées scellées par plusieurs dalles de pierre fort bien ajustées... La grotte "hôpital" : L'entrée, à l'intérieur, est pavée et amène à un couloir extrêmement étroit bordé de dalles parfaitement polies. 6 jours de fouille pour retirer la terre engouffrée sur une épaisseur de 40 cm. La grotte était tapie de pierres polies de main d'homme, avec une rigole centrale de 10 cm de large sur 8 de profondeur., elle même rejointe par une quantité de fines rigoles arrivant de la jonction voûte-plancher. Ces nervures étaient pleines de kiea, cette extraordinaire terre rouge avec laquelle hommes et femmes se peignaient autrefois le corps, et qui soignait les blessures"...

P.171 C'est là que nous allions trouver une petite statue de basalte de 30 centimètres de haut, dont il manquait la tête, et qui représentait l'accouchement d'une femme, dans un style admirable. et nous allions également trouver quantité de ciseaux d'obsidienne qui avaient dû servir à des fins chirurgicales.

 

BAIE DE LA PÉROUSE : Hanga Hoonu

P.172 Une remarquable "maison-pirogue" dont les énormes assises de pierre étaient entièrement gravées. La seule d'une telle grandeur de toute l'île. Il serait intéressant d'étudier ces sculptures".

 

RANO-KAU

-- ORONGO, l'observatoire sacré : le volcan et les trois îlots

Site figé sur l'arête du plus grand cratère, ces rochers gravés du signe du retour des oiseaux...oratoire des étoiles...

P.184 7 cases , niches de pierre, minuscules, reliant les rochers sculptés par d'étroits couloirs... observatoire solaire comme le pensait T.H.? à étudier...

P.185 A l'Ouest, 39 habitations enterrées de 7 m de long sur 2 de large, hautes de 1m 60 environ, de construction mégalithique comme chez nous en Provence ou en Sardaigne. "Là, les dalles ont été enfoncées dans la terre, recouvertes par de fines plaques de pierre placées concentriquement, formant un toit légèrement arrondi sur lequel l'herbe a repoussé. l'intérieur est tapissé de grandes dalles placées de champ". Autrefois, il y avait des pierres splendides, peintes ou sculptées de Tangata-Manu et de Make-Make; toutes furent enlevées.  Devant l'une d'elles, se trouve un grand pavage... 400 personnes pouvaient habiter ce site lors des fêtes de printemps.

 

-- MOTU-NUI : Le plus grand des trois îlots et son Ahu Rikiriki

Cet Ahu est érigé au sommet de la falaise vertigineuse faisant face à Orongo : une falaise de 200 mètres en à-pic faite de centaines d'yeux, grottes aujourd'hui inaccessibles.

et pourtant, c'est le long de cette falaise qu'autrefois les hommes grimpaient, porteurs de l’œuf magique, et là-haut, sur le Ahu, il y avait des moai, qui sont aujourd'hui basculés dans la mer, reposant les yeux entrouverts dans les algues sur un lit de corail"... "Qui? Comment?  nous sommes loin des théories des patates écrasées et des rouleaux de bois!!".

P.189 L'herbe qui pousse sur cet îlot est longue, dure et drue comme un lichen...résistante et élastique...Les tiges, même écrasées le temps d'une nuit, reprennent rapidement leur position. Cette herbe a pu autrefois couvrir l'île de Pâques???

P.189 Les indigènes disent qu'il y a encore ici une grotte secrète dans laquelle dorment des tablettes, et où git un "étrange petit moai" de 40 cm de haut...

P.188 "C'est ici que devra être cherché le mystère"... "On songe parfois que ces hommes de l'île, qui, parait-il, ne possédaient qu'une religion païenne, furent eux-mêmes très près de Dieu"...

Le mot "Dieu"  est ici employé par un européen... quel mot ont bien pu employer ces grands hommes du Pacifique pour rendre hommage à leurs ancêtres???... (Voir Moerenhout en 1832 à l'île de Pitcairn...songeur lui aussi... utilisant le mot "dieu" lui aussi... et les Mangaréviens aujourd'hui ... devant les sommets d'Akamaru"... qui ne savent plus quel mot employer puisque ces constructions font encore partie de leurs interdits... 

 

-- L'INTÉRIEUR DE RANO-KAU : le grand trou d'Hau-Maka

3 km de circonférence - grottes et pierre gravée

- pas de bêtes, pas de vent

- P.192 Le dernier toromiro - bois de Rose : cet arbre existait sur l'Ile de Pâques depuis au moins 35.000 ans (source Adrien Goursaud). Une branche fut prélevée en   1955 par  Thor Heyerdahl sauvant cette espèce endémique à l'Ile de Pâques mais qui malheureusement semble difficile à réimporter. (Le bois est assez léger et tendre, d'une couleur rouge carmin; son grain est fin, il prend un beau poli et se travaille facilement.  Il est recherché pour l'ébénisterie fine, la tabletterie, la marqueterie et la sculpture artisanale. Le nom de bois de rose est davantage dû à l'odeur de rose - en plus épicé - dégagée par la sciure fraîche, qu'à la couleur rose foncé, du bois frais. L'odeur se dissipe avec le temps). Le miro est un bois sacré en Polynésie orientale. Ce dernier toromiro semble malheureusement avoir disparu peu de temps après le passage de Francis Mazière à l'Ile de Pâques. (P.215 : à l'Ile de Pâques, le toromiro était toujours coupé à la pleine lune où la sève se fige, pour une meilleure conservation).

- P.192 Une des grotte du versant N-E, à mi-hauteur du cratère s'ouvrait en un vaste porche parsemé d'éclats d'obsidienne taillés. Sur les parois étaient sculptées quelques très belle "têtes" de Make-Make, puis, la grotte s'élevait d'un étage sur lequel débouchaient deux beaux couloirs aménagés de main d'homme, qui s'ouvraient sur deux salles circulaires encore faiblement éclairées, desquelles un fin couloir grimpait et se perdait en alcôves minuscules et noires. C'était, sculptée par la nature et aménagée par l'homme, une véritable maison de rêve...

- P.193 Sur le pourtour du cratère, il y a un grand nombre de cavernes aménagées, mais sur le versant Nord, c'est un véritable village établi en gradins...un Paradis sorti de Le Corbusier... Il eût fallu ici mener d'importantes fouilles.

 

- P.194 - LA PIERRE SCULPTÉE d'un Pingouin et d'une Baleine...

Le long de la rive du lac de Rano-Kau, au milieu d'une oasis d'Acacias importés, nous découvrions la pierre recherchée : C'était un énorme bloc arrondi et poli par l'érosion, sur lequel le lichen avait dissimulé une figuration et des pétroglyphes qui nous intriguèrent : des lignes enchevêtrées laissèrent apparaître de nombreuses figures dont deux remarquables: l'une représentait une espèce de pingouin dont le corps se terminait en queue de baleine, l'autre une tête totalement inconnue à l'île de Pâques : une tête barbue, aux yeux partagés comme ceux des insectes. Sur le crâne, partaient deux grandes ramures comme celles des cervidés faisant penser à des masques de magie de Shaman ou des indiens du grand Nord; ces sculptures font aussi penser à celles des Sibériens ou des derniers indiens de la Terre de feu...". (on ne peut dater les sculptures...malheureusement, et donc ne pouvons rien en conclure). "Cette tête est appelée "l'homme insecte" par les indigènes. Il nous faudra étudier les photos plus particulièrement".

-- LA CARRIÈRE D'OBSIDIENNE : les mata

- P.195 Au pied des pentes du Rano-Kau, s'étale l'immense sillon d'obsidienne comme une immense traînée bien limitée encerclant un mamelon appelé Orito. Le sillon de ce jaillissement d'obsidienne large de 200 mètres fait 800 mètres de longs. Francis Mazière dit voir en cela quelque chose d'étrange, ajoutant qu'à 2 km de là, dans l'axe de cette trajectoire, se trouve comme un impact formant un cercle parfait, souligné à flanc de colline par une végétation différente... nous savons aujourd'hui que comme partout, cette végétations différente n'est que le résultat d'une ancienne construction et que ce site circulaire était donc un point certainement important à l'époque où il fut construit; la coulée d’obsidienne étant une coulée de lave particulière qui fut de tout temps considérée comme une mine équivalente à toutes mines d'or, d'argent ou même de phosphate, de fer ou de charbon... pour les européens.

- Les "mata",  pointes noires aux multiformes, appelées obsidienne étaient des outils aux multifonctions, 

- P.197 Dans une grotte visitée par Bob, se trouvait un "mata" de 22 cm de long et 20 cm de large dans un état admirable : il était taillé en forme de demi-lune comme un hachoir. Celui-ci fut photographié et remis dans sa grotte. 

 

LE MONT PUNA-PAU - LA CARRIÈRE DES GRANDS CHIGNONS ROUGES :

P.199 Une vingtaine de chignons jalonnent le chemin conduisant à la carrière qui s'ouvre comme une gerbe de feu. la carrière est creusée à l'image des cratères, des chignons y sont abandonnés inachevés. L'équipe découvrit deux haches de basalte, fort différentes que celle de Rano-Raraku, différence sûrement due au fait que la pierre rouge est un conglomérat de scories, plus facile à travailler. Une trentaine de chignons semblaient prêts au départ, presque tous sont sculptés de pétroglyphes. Leurs diamètres varient de 1.80 à 2.50 mètres. Dans l'île, une soixantaine étaient arrivés à destination, sur la tête des moai.

Chaque chignon présente sur le dessus une légère éminence, tandis que l'autre côté est creusé de façon à s’emboîter sur le crâne aplati des géants.

 

L'AHU A'TIU (AKIVI) : rapport aux solstices :

P.201 Ces statues représentent-elles les sept premiers explorateurs? nous n'en sauront jamais rien! 

les 7 statues ont déjà été relevées. Il faut le repérer au coucher du soleil quand celui-ci les éclaire de face; mais surtout, plutôt les deux jours de l'année de juin et septembre où les solstices leurs confèrent  un air grave. Là, entre leurs 7 regards et l'infini de la mer, s'étend la plaine de lave (lave violette), creusées d'immenses jardins en profondeur, et de grottes à multiples ramifications. Ici, le réseau de grottes s'insinue sous la terre et parfois l'écorce de lave n'a que 1 à 2 mètres d'épaisseur provoquant une résonance sous le galop des chevaux.

 

Le MONT RANO-AROI et le TESTAMENT DU SILENCE

P.205-207  4 tablettes sont conservées dans une caverne secrète : Une caverne dont l'entrée est dissimulée sous la terre et les herbes, sculptée, perdue au sommet de Rano-Aroi...où reposent les derniers secrets de ces hommes "premiers avant les premiers". il sera impossible d'y aller mais on a pu voir les objets qui nous furent présentés dont voici la description : " A l'entrée il y a 2 cadavres de chaque côté, puis, sur la gauche, un Moai-kavakava en toromiro, puis deux figures de Make-Make, deux haches polies, deux hameçons; au milieu, il y a le moenga amarré en trois parties, à l'intérieur se trouve une tablette, un lézard de pierre, deux rames de danse; à droite, quatre hameçons de pierre, deux tablettes de makoi, toutes pourries, une statue de pierre, une hache de pierre, deux cadavres d'enfants (au-dessus desquels sur le plafond est sculpté une tête de Hanau-Eepe), une pièce de tapa, une calebasse de kiea; sur le sol, dix doigts de pieds, une tablette de pierre, un Rei-miro de pierre et un autre de bois, deux haches de pierre et une très belle pointe d'obsidienne avec son manche, des Mata et une figure mal sculptée de Make-Make". Le gardien nous dessinera la tête de Hanau-Eepe...dessin terriblement inquiétant...??? 

L''ŒUF, ENCLOS DE VIE

" P.94 : au sujet de la capture du premier œuf à Orongo : "Rien n'est plus étrange que la quête de cet œuf venu de l'étranger, de Hiva, et symbolisant la VIE et le POUVOIR. Il est inquiétant de penser que ce symbole de l’œuf, témoin du printemps renaissant, ENCLOS DE VIE, fut autrefois le symbole des civilisations mégalithiques de pays si lointains les uns des autres qu'on n'ose faire des rapprochements sans entrer dans le domaine parfois si réel du fantastique"...

 

P.208 et 209    INCROYABLES CES DEUX PAGES...

" UNE CONNAISSANCE ORIGINELLE"...

... sur les symboles anthropomorphes faisant penser qu'il y a eu un savoir sur les mutations subies par le poisson pour donner un jour les hommes... voilà le maillon manquant entre la cellule initiale "Tagaroa, Make-Make" et le singe devenu homme... qui semblent bien avoir été connus et à la base des mythes et des rites aux Iles Gambier !!! Mais qui pourrait croire une chose pareille?  

... les descendants de ces civilisations mégalithiques auraient pu n'avoir conservé que des bribes d'histoire, qui raccrochées bout à bout indiqueraient qu'une Civilisation très ancienne connaissait l'histoire de la création : l’œuf originel...les poissons...les batraciens... les oiseaux...les singes...les hommes... et cela en plein milieu du Pacifique... 

 

SIGNIFICATION DES FIGURATIONS ANTHROPOMORPHES :

Voici le texte dans son intégralité :

"Il y a dans les symboles une terrible force d'activation de la vie que les hommes de l'île n'ont pu oublier.

Plusieurs questions primordiales inquiètent : 1° D'après les indigènes, certaines œuvres gardées dans les grottes ne sont pas l'oeuvre de leurs ancêtres polynésiens. 2° Ces objets demeurent pour eux un obstacle et une angoisse que la religion catholique n'a pu exorciser dans l'île" (ou, j'ajouterais là, que l'église a plutôt volontairement  institués tabou : interdits, sacrilèges, au lieu de tapu : sacré, vénérés). "3° Toute la sculpture est anthropomorphe. Cette osmose entre l'homme et les animaux primordiaux laisse entrevoir une connaissance originelle, qui n'est pas polynésienne (ou je dirais plutôt qui a sans doute été oubliée des autres polynésiens). L'origine de cette forme d'expression me parait être d'un intérêt capital. Par exemple, il y a ici la représentation d'un poisson appelé Patuki. Or, ce poisson, aux apparences batraciennes, est un poisson à pattes qui possède de grandes analogies avec le cœlacanthe, et, ce qui est encore plus insolite, c'est que la tradition dit que c'est un poisson à pattes dont descend l'homme après dix mutations dues aux changements de climat...Dix mutations, dix changements de climat, ce sont des indications précises qui ne peuvent qu'étonner.. Il y eut des hommes-oiseaux, des hommes-baleines, des hommes-lézardsI...qui ressemblent étrangement à des crocodiles... Or, ces hommes, placés en osmose avec ces formes de vie primordiales sont des impacts d'une toute autre connaissance. Entre le symbolisme et le totémisme, il y a le fossé de la prise d'une autre conscience. Or, ces objets sont des symboles à tel point que les survivants actuels les devinent, ont peur, mais qu'ils essaient de reproduire". (Ils en ont peur, toujours à cause des interdits infligés par une église, alors faite d'hommes à l'esprit très étroit). "Toute ces figurations précises sont en position de méditation et d'attente. L'art précis devient ici surréel mais non magique". 

Une connaissance précise de l'évolution humaine transmise par l'image, la sculpture...  

Francis Mazière conclue ici que ces œuvres anthropomorphes ne peuvent pas être l'oeuvre originelle des Pascuans actuels, œuvres alors précise-t-il d'une autre race... Rien n'oblige à cette conclusion : les habitants de l'Ile de Pâques peuvent avoir survécu comme partout ailleurs à bien des cataclysme et sans remonter forcément à l'origine de l'homme, peuvent avoir au moins vécu aux dernières périodes glaciaires, et avoir, comme aux Iles Gambier et ailleurs en Océanie su conserver par l'image et  la sculpture des savoirs sur l'origine de l'homme acquis par des Civilisations qui les auraient précédés...

 

LE SINGE, CHAÎNON MANQUANT ?

retrouvé aux Iles Gambier?

Partout dans le Pacifique Tagaroa, l'Etua à la base de toute création est représenté par un œuf comme l'est Make-Make (qui se traduit par "faire" en anglais). Make-Make pourrait donc avoir été Tagaroa à l'Ile de Pâques avant l'arrivée des anglais. Dans ce chaînon d'animaux anthropomorphes partant de l’œuf Make-Make pour arriver à jusqu'à l'homme en passant par le poisson à quatre pattes, par l'oiseau et par le batracien il manque le singe... ce singe retrouvé sous forme de montagne sacrée aux Iles Gambier...!

 

UNE CORRÉLATION DE SAVOIRS ENTRE ILE DE PÂQUES ET ILES GAMBIER

Make-make et Tangata-manu,

et les figures symboliques amérindiennes  

Les croquis sur tapa découverts en 2011 dans la grotte sacrée  montrent MAKE-MAKE, les TANGATA-MANU, le MOKO et une plume, quatre symboles bien connus à l'Ile de Pâques. auxquels viennent s'ajouter en visage amérindien coiffé de deux oiseaux et une tête de puma...

 P.216 "Alors, qui furent ces hommes qui vécurent à l'origine sur cette île du bout du Monde? Dans l'état actuel de nos connaissances, nous ne pouvons répondre de façon sûre, mais il nous semble fort probable que cette première race pourrait être apparentée soit aux hommes de Chavin, soit à ceux de Tihuanaco..." (cette idée ne met pas en doute l'arrivée plus tardive (?) des descendants Lapita, eux-mêmes peut-être à l'origine de l'écriture Rongorongo??). "Peut-être les Polynésiens connurent-ils quelques survivants de cette première race car certaines traditions semblent bien avoir été transmises" (voir là encore un lien avec les Iles Gambier au moins, les croquis comprenant un visage  Amérindien et une tête de Puma...) et d'ajouter : "Le violent traumatisme qui a marqué ces Polynésiens n'est pas l'oeuvre du climat ou du hasard, il est la trace d'une prise de conscience d'une grande importance"...  

 Aux Iles Gambier, le dernier grand-chef a su comment conserver cette histoire en rassemblant ses croquis de tatouage sur des feuillets de tapa rangées comme un livret d'histoire fait d'images : il avait conscience de ce devoir de grande importance qui était de transmettre une Histoire conservée depuis la nuit des temps. Je crois que l'esprit  (mana) de ces ancêtres qui avaient bâtis les géants de pierre des sommets d'Akamaru, comme celui des ancêtres qui ont construit les statues à l'Ile de Pâques est toujours dans le cœur des survivants. 

 

Francis Mazière, son épouse et Gabriel Veri-Veri

Le temps des larmes

P.230 Le vieux Gabriel Veri-Veri fut souvent visité par la femme de Francis Mazière à la léproserie : "Seule ma femme parlait la langue des anciens Pascuans. Comment voulez-vous qu'un indigène vous révèle en charabia chilien certaines traditions qu'il faut des jours de respect et d'amitié pour découvrir"? (P.65). G. Veri-Veri se confia à elle en lui donnant toute sa confiance et son amitié. D'après ce que ce grand-homme put raconter, les deux migrations successives d'Hotu-Matua et d'Anua-Motua faisaient déjà suite à celle des Polynésiens, qui eux-mêmes pourraient avoir trouvé à l'Ile de Pâques, une culture établie dont les survivants étaient certainement très affaiblis (Les volcans de l'Ile de Pâques ne sont éteints que depuis 10.000 ans - Rappel géographique : situé au Sud-Est des Tuamotu à 2000 km de Tahiti et à 2600 km de l’île de Pâques, l'Archipel des Gambier mesure, comme elle, 23 km dans sa plus grande longueur. Les Iles Gambier, nées il y a 25 millions d'années, ont vu leurs volcans s'éteindre il y a 5 millions d'années. Les volcans de l’île de Pâques née elle-même il n'y a que 2 millions d'années s'éteignaient il n'y a que 10.000 ans. Plusieurs millions d'années ont transformé la grande île Mangareva en un ensemble d'îlots enfermés dans une même barrière de corail ; les vestiges de constructions extrêmement anciennes aux sommets de l'^li Akamaru et la présence d'allées de dalles travaillées dans le lagon confirment que l'Archipel des Gambier étaient bien habité à une époque très reculée).

Le vieux Veri-Veri a pu confier l'histoire de ces ancêtres lointains, de cette race prédiluvienne. Francis Mazière se fait le devoir de nous transmettre les récits de Veri-Veri dans le dernier chapitre de son livre :  ces  récits font allusion aux étoiles et aux planètes d'une manière scientifique très avancée... font allusion à la présence d'esprits vivants, parlent de cette première race vivant sur d'autres îles du Pacifique mais aussi en Asie et en Afrique, d'une époque où le Rano-Raraku n'était pas encore comme aujourd'hui, et où il y avait des animaux sur l'île Matakiterani, explique que cette première race a vu apparaître les trois volcans.

P.233 Francis Mazière ne peut ni ne veut faire de commentaires, car il sait que toute interprétation déboucherai sur des "voies refusées". Ce dernier chapitre est tragique comme est tragique cette décision de certaines personnes responsables de faire connaître l'Histoire de ces Peuples à qui on a fait subir l'enfer de dire que les croquis découverts en 2011 aux Iles Gambier ne sont pas des dessins mais de simples moisissures dans des lignes de pliages. 

P.234 "Que ceux qui ont assassiné les Civilisations dites primitives sachent le très grave engagement dans lequel ils sont, sans espoir de recul et d'excuses".

 

Concluons avec Mgr Tepano Jaussen - 1991 : "Il faut recueillir ces petites choses (au sujet de son travail sur l'écriture "Rongo-Rongo") pour commencer l'étude des grandes, pour donner un jour quelques faits de plus à l’ethnographie. Ces minuties sont même précieuses, quand elles viennent de cette seconde Asie (Océanie aujourd'hui), si peu connue, où tant de races humaines se sont mêlées et ne se conservent plus que dans quelques individus".

 



29/04/2016
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