Les îles Gambier, un Musée d'Histoire pour l'Océanie

Les îles Gambier, un Musée d'Histoire pour l'Océanie

. La Pêche il y a 200 ans

La pêche aux temps antiques aux Iles Gambier

Le Père Laval raconte :

Les Mangaréviens ont de tout temps été d’habiles pêcheurs, et le poisson formait la moitié de leur nourriture quotidienne. Ils connaissaient parfaitement le lieu, le temps et la manière de prendre n’importe quel poisson. Ils pouvaient même vous dire à ‘avance l’heure de son arrivée.

Connaissance précise des époques et des lieux de pêche :

En Janvier dernier (1853), c’est-à-dire au milieu de notre été, les pêcheurs de la Baie d’Atituiti chargés de l’alimentation de ceux qui travaillaient aux deux clochers de notre église de Rikitea, vinrent nous inviter à assister à quelques-unes de leurs parties de pêche. « Venez, me dit le chef de pêche, demain à neuf heures du matin, parce que c’est à cette heure-là que doit passer le poisson cette lune-ci. On en prit deux cents et ils étaient d’une bonne espèce, de celle qu’on appelle le perroquet de mer. Une autre fois, le chef de pêche nous avait recommandé d’arriver au soleil levant. L’endroit était le même que précédemment, mais la lunaison était différente. Les pêcheurs étaient déjà là à guetter le poisson à la pointe du jour. Nous attendions depuis une demi-heure quand une des sentinelles qui plongeait de temps en temps revint à la surface et cria : « Comme des fourmis ». Le poisson était arrivé et il y en avait beaucoup. On en prit en effet quatre cents et ils étaient énormes.

Une autre fois,le maître de pêche vint plusieurs fois me dire : Père, le poisson migrateur qui parlait dans la mer les premiers jours, ne parle plus à présent. C’est mauvais signe ». En effet, il ne reparut plus le lendemain, bien qu’on l’attendit. La parole dont il est ici question est une sorte de sifflement que cette espèce produit entre ses dents.

Quand arrive l’époque du frai, chaque espèce de poisson a son mois fixe et même sa semaine et son parage.

Taku, par exemple, possède un de ces parages de forme ovale, un peu plus profond que les environs. Là, au temps du carême et après, les harengs arrivent par bandes, et chaque bande a son heure. Après s’être ébattu quelque temps, le poisson se retire et c’est aux pêcheurs de guetter son arrivée, s’ils veulent et prendre abondamment. On nomme ce poisson, le hareng de Taku. Il suffit d’être là pour faire une pêche copieuse, le poisson s’y laisse prendre avec des « draps » et même à la main. On peut le faire ainsi échouer sur le rivage.

 

Les talents des Mangaréviens à la pêche se manifestent de bien d’autres manières. Ils connaissent tous les points où l’on doit jeter son filet et où il convient de le tirer. Cet « instinct » se manifeste particulièrement dans la pêche à la tortue. Ils découvrent le gîte de la tortue rien qu’en la voyant respirer à la surface. Ils vont la capturer de nuit à l’endroit même où ils avaient présumé qu’elle devait se retirer.

 

Leurs méthodes de pêche :

Leurs instruments de pêche sont :

L’hameçon pour la pêche à la ligne, la lance, le filet, la guirlande, le « pa’toka », les « ‘aga », et le « ‘inaki ».

Leurs hameçons

sont généralement en nacre et de différentes grandeurs. Ils ont tous la même forme en cercle non fermé terminé par un crochet, Il en est de plus petits, par exemple pour les poissons gélatineux, qu’ils appellent « ko », et d’autres beaucoup plus grands qui servent à attraper de gros poissons tels que les « urua » et les requins. J’en ai vu quelques-uns de ce type qui étaient faits en bois dur.

La baguette à laquelle leur ligne en écorce d’hibiscus

est attachée, pour la pêche aux petits poissons,

est en bois de miro ou en bambou (koe).

Une petite pierre noire leur sert de plomb et ils emploient comme amorce le chair des moules ou de quelque autre poisson qu’ils ont pu se procurer.

 

Les gros poissons sont pris à la ligne

dans des endroits profonds, c’est pourquoi leurs lignes sont longues de 8 à 12 brasses.

La pêche aux gros poissons se pratique aussi bien de nuit que de jour. Or comme la mer autour des Iles Gambier est très poissonneuse, il arrive souvent que chaque pêcheur en ramène 10, 15 et même 20.

Tous ces poissons peuvent être venimeux :

Tout dépend du récif sous-marin où ils sont pris. Certains madrépores (coraux) ou certaines espèces d’algues introduisent du venin dans leur chair.

C’est au pêcheur de connaître les endroits dangereux et de les éviter.

A Marutea, au Nord des Gambier, il n’est pas un seul poisson qui ne soit venimeux. Cette île est inhabitée aujourd’hui, mais jadis elle a dû être peuplée, car on y retrouve des pavés de maisons du même type qu’à Mangareva.

Parfois les poissons voyagent et quittent un récif venimeux pour se mêler à des poissons non venimeux. Les pêcheurs, eux, ne s’y trompent pas. Si le poisson est maigre et si son foie est desséché, il est certainement mauvais. On le jette ou on le fait cuire à diverses reprises pour diminuer son venin et si possible, le faire disparaître complètement. Sans ces précautions, on serait considérablement incommodé : une grande faiblesse se ferait sentir dans les jambes, dans les bras, et tout le reste du corps. Une fièvre assez forte s’emparerait de vous. Vous diriez un « feu » qui vous dévore. Plusieurs en sont morts, mais généralement on peut se débarrasser de ce mal au bout de 2 ou 3 jours en buvant de l’eau de jeune coco.

 

 

La lance :

Le poisson pris à la lance peut être aussi venimeux lorsqu’il est pêché sur les brisants appelés Te Kahu.

S’il est pris de cette façon sur la côte d’une île haute, il est ordinairement inoffensif.

La lance pour le poisson est aujourd’hui en fer. Autrefois, elle consistait en une pièce de bois dur et pesant, de la longueur d’un mètre, qui était solidement attachée à l’extrémité d’une preche en bois léger d’hibiscus ou de miro. Ce morceau de bois provenait toujours d’un vieux pandanus ou d’un vieux cocotier. Il était rond, effilé et sans barbelures. Le pêcheur, armé de cette lance, allait, et va encore, se percher sur un rocher où il y a des pâtés de madrépores à fleur d’eau. Il se tient là, attendant le poisson qui vient s’y promener ou chercher sa nourriture. Quand le poisson est à portée, il lui lance son « javelot » à deux mains et le transperce, ne réussissant son coup que 2 ou 3 fois dans une après-midi.

Jusqu’ici, il n’a été question que de pêche individuelle. Tous les jeunes y sont experts.

 

La pêche au filet

est bien différente, et les hommes mûrs doivent accompagner les jeunes gens, même il est nécessaire qu’il y ait un chef de pêche.

Les Mangaréviens avaient, depuis une époque très reculée, des filets de différentes grandeurs. Les 3 plus grands sont appelés : le tata’i, le toumanu et le putuputu. Ils avaient une seule « poche » (toro), au milieu, ou au fond, et 2 pa ou « avancements » de chaque côté. Ces coins étaient en plus allongés de feuilles de cocotier, de manière à avoir quelquefois jusqu’à 60 mètres de long ! Les tata’i et les toumanu ont de grandes mailles et sont destinés à la pêche des gros poissons. Le putuputu est pour les petits : aussi ses mailles sont-elles tout à fait serrées.

Pour pêcher la tortue, on se sert du tata’i, mais sans toro. Ce filet prend alors le nom de ‘iri’iri. Si l’on pêche de nuit, on jette le filet autour de l’endroit où l’on sait que la tortue a son gîte. Si c’est le jour, on lelance un peu plus loin, là où l’on sait que l’animal est entrain de brouter les algues.

Tous ces filets ont des pierres, enveloppées de vaquois (plante grasse), qui servent de plombs, et de morceaux légers d’hibiscus en guise de lièges.

Le tu’au et le ka’oro ont aussi leurs pierres et leurs bois légers, mais ce sont des filets de moins grande dimension. Le ka’oro remplace pour un petit groupe de pêcheurs (2 ou 3 pêcheurs tout au plus), le tata’i, le toumanu et le putuputu employés dans les grandes parties de pêche collective, auxquelles participent 10 à 20 personnes. Le tu’au est une espèce de toro long et sans pa, pour prendre dans une poche à son extrémité le poisson appelé vete. Ce poisson est de capture difficile. Il rebrousse vite chemin, saute par-dessus le filet, et il faut se hâter de relever les bords de ce filet et de le fermer. Il n’y a que le filet appelé aru’a qui soit sans poids en pierre. C’estun filet de moindre dimension, assez semblabe à un « drap », pour prendre les poissons que l’on a sous la main. Le manogi n’a ni poids, ni flotteurs : c’est une poche à petites mailles, montée sur un cercle de bois avec un manche comme un filet à papillon. On s’en sert encore pour la pêche au flambeau. Le poisson qui dort sur l’eau ou qui se trouve, attiré par la lumière, est pris à l’aide du manogi comme un papllon.

Confection des filets et du maillage :

Tous ces filets se faisaient et se font encore avec de l’écorce d’hibiscus soumise à divers traitements au soleil, dans l’eau, puis de nouveau au soleil. Les mailles sont identiques à celles de France, et pour les faire on se sert d’une règle plus ou moins large suivant la grandeur des mailles. Aujourd’hui, depuis que les Mangaréviennes tissent le coton, leurs frères et leurs maris font souvent au fil de coton tous leurs petits filets.

La pêche au flambeau :

J’ai mentionné la pêche au flambeau à propos du manogi. Cette méthode est fort curieuse.

La torche est composée de roseaux secs mis en paquets et fortement liés d’un bout à l’autre. Il est rare qu’elle s’éteigne une fois allumée. Plus le vent est fort et mieux elle brûle. Quand la pêche au flambeau se fait individuellement, on prend le manogi de la main droite et la longue torche en roseaux de l’autre. On s’en va ainsi jusqu’à ce qu’on ait de l’eau jusqu’à la ceinture. Qu’il fasse froid ou non, peu importe. Le pêcheur avance, se promène à droite et à gauche, et prend le poisson de la façon décrite plus haut. Quelquefois, pour plus de facilité, ils se mettent à deux pour pêcher : l’un a le flambeau, l’autre le manogi. Le poisson qui se prend à cette pêche s’appelle i’e. Il mesure près de 30 cm de long sur 2,5 cm de diamètre. Son « bec » est long et effilé comme une aiguille.

Comme les pêcheurs ne s’éloignent guère du rivage et qu’ils sont parfois très nombreux, ils offrent un fort joli coup d’œil. La lumière, qui frappe vivement les bords de la mer, s’en va mourir au loin dans la vallée et presqu’au sommet de la montagne.

Parfois la pêche au flambeau se pratique à bord des radeaux. Ils sont alors de 10 à 20 personnes ensemble. Quatre hommes avec des flambeaux se tiennent aux quatre angles. Deux autres, l’un à l’avant et l’autre à l’arrière, poussent le radeau avec la perche appelée toko. Quand la mer devient trop profonde, on rame avec la pagaie appelée ‘oe. Les autres pêcheurs sont armés de grandes perches au bout desquelles sont attachés des manogi. C’est à qui prendra le plus de poissons. J’ai voulu, une nuit, être de la partie. Plus qu’à abattre mon filet sur un poisson endormi, j’ai pris du plaisir à voir les autres pêcher et j’ai joui de cette promenade nocturne sur les eaux, étincelantes de lumière à mes côtés et sombres plus loin.

Le lendemain, tout le poisson pris au cours de notre partie fut distribué à la population de l’île toute entière.

Car ici, un usage immémorial veut que le poisson attrapé au cours des grandes pêches soit distribué ainsi.

La pêche à la guirlande : 

Cette guirlande est faite avec des palmes de cocotier dont la nervure a été retranchée et que l’on attache bout à bout sur une corde d’hibiscus pour lui donner de la solidité. La guirlande peut atteindre 120 à 180 mètres de longueur ! D’ailleurs, plus elle est longue, et plus on prendra de poissons, mais plus nombreux aussi devront être ceux qui la dirigent. Pour cette pêche, comme pour celle au filet, il faut deux radeaux : le plus fort reçoit la guirlande, l’autre prend l’un des bouts de la guirlande et tient bon sur place jusqu’à ce que la guirlande soit entièrement déployée. Alors, les deux bouts avancent conjointement vers l’endroit où l’on doit disposer le toro qui doit enfermer le poisson.

On choisit toujours un endroit dont le fond soit uni, c’est-à-dire sans trous ou cachettes où les poissons pourraient se dissimuler. De légers morceaux de bois, reliés de distance en distance à la guirlande par des ficelles, la maintiennent entre deux eaux. Quand on arrive à des endroits profonds, les hommes qui surveillent la guirlande déroulent ses ficelles pour descendre la guirlande plus profondément. Si au contraire on se trouve là où il y a peu de fond, la ficelle est roulée sur le morceau de bois. Il en est de même si le poisson que l’on veut prendre a pour habitude de rester au fond de lamer, tel que par exemple le kekeretu. Alors, la ficelle est déroulée de façon à ce que la guirlande balaye le bas-fond. Mais si le poisson, comme le perroquet (u’u), nage à une certaine hauteur, on s’arrange pour que la guirlande atteigne cette hauteur.

Le poisson pourrait passer par-dessus ou par-dessous la barrière, mais s’il a de grands yeux, sa cervelle est petite ! il a peur de cette barrière et s’en tient toujours éloigné.

Tandis que l’on promène la guirlande, d’autres pêcheurs partent en avant assez loin pour battre la mer et faire du bruit. Les poissons de ces endroits, effrayés, partent et se dirigent vers la guirlande. Alors seulement on cherche à réunir les deux bouts, opération qui prend encore du temps. Il faut faire passer et repasser la guirlande par la route habituelle des poissons. Dans ce but, le chef de pêche monte sur un troisième radeau plus petit que les deux autres et veille à la direction que l’on donne à la guirlande.

Tantôt il crie d’en arrêter la marche, tantôt il commande de l’élargir de nouveau ou de la rétrécir. Enfin, quand les deux bouts sont arrivés à l’endroit désigné de père en fils, les deux radeaux se croisent et le poisson, s’il y en a, ne pourra plus se sauver, à moins que la guirlande ne vienne à se rompre ou que les pêcheurs ne commettent quelque imprudence. Il faut surtout ne pas effaroucher le poisson de crainte qu’il n’outre-passe la barrière et ne s’échappe. Quand enfin les poissons sont massés, le chef de pêche fait accélérer le repli de la guirlande… Pour que les poissons n’aille pas butter  contre la guirlande, celui qui se trouve en face plonge dans la mer en murmurant des sons. Les poissons, sans s’effaroucher, s’éloignent et se tiennent au milieu de l’ovale décrit par la guirlande. On peut alors réduire cet ovale à un diamètre de 2 ou 3 mètres sans que le poisson, qui est sous le coup de la peur cherche à se sauver. Il faut voir avec quelles précautions les plongeurs le dirigent. Quand le poisson est entré dans le toro, tous les plongeurs vont au fond de la mer en prendre les bords et les apportent au-dessus de l’eau. Le plus vigoureux replonge, une corde à la main, pour lier sous l’eau l’ouverture du filet où le poisson est pris comme dans un sac. Le poisson capturé reste ainsi sous l’eau, entre les deux radeaux qui n’en font plus qu’un seul, jusqu’à ce qu’il en soit retiré, pour êtreporté au Roi ou pour la distribution. D’une façon générale, les pêcheurs prennent leur part du poisson en mer et sitôt que le toro a été tiré sur les radeaux.

Le chef de pêche préside à la distribution, après avoir séparé la part du Roi, et depuis qu’ils sont chrétiens, celle du missionnaire…

Il est encore 3 autres méthodes de pêche que je ne dois pas oublier :

On prenait jadis le poisson et on continue à le prendre dans des pa-toka, des ‘aga, et des ‘inaki.

 

1- On appelle pa-toka un enclos formé de morceaux de madrépores

placés côte à côte dans des endroits où l’eau peu profonde ne va pas au-dessus des chevilles, tout au plus jusqu’aux genoux. Le parc présente une ouverture très large qui va en se rétrécissant au point de devenir un goulot de 2 à 4 mètres de long. Le filet est placé à l’extrémité de ce goulot. Après cela, on guette le poisson, et sitôt qu’il a pénétré dans le pa-toka, on le pousse par derrière et on avance en faisant du bruit pour qu’il aille se prendre au piège qui lui a été tendu. Quand le poisson s’est aperçu du piège, on le dirait doué de raison : comme il sait bien se tapir sous les pierres ! Si l’on n’a pas de filet, on bouche l’issue du couloir avec des pierres et, en avançant doucement derrière le poisson, on le fait entrer dans le couloir que l’on ferme ensuite avec de grosses pierres. Ensuite, le poisson est pris à la main ou tué à coup de lance (toka = morceau de madrépores = morceau de corail).

2- Le ‘aga est un coffre à double fond, tressé à la façon d’un panier.

Il est de forme cylindrique, mesure environ 2 mètres de long et son diamètre est de 75 centimètres. Il s’évase aux deux bouts en entonnoir. Ce panier est double : le couloir central est pourvu d’une trappe communiquant avec le compartiment compris entre ce couloir et les cloisons de la nasse. Le poisson peut pénétrer près de ce couloir , mais il lui est impossible de ressortir de la nasse, car ce n’est guère dans ses habitudes de lever la tête pour chercher une issue. Dans ces ‘aga, il peut entrer de 15 à 20 poissons. Si un ‘apuku y pénètre, il y fait bonne chair, car il avale immédiatement 2 ou 3 poissons moins gros que lui. Mais le propriétaire du ‘aga saura bien les retrouver dans son estomac et les manger. On retire les poissons du ‘aga par une porte extérieure donnant sur le compartiment autour du couloir central. Les premiers jours, le poisson ne se laisse pas prendre dans ce ‘aga. Il en est repoussé par l’odeur de la racine du cocotier et du gegie (Suriana maritima) qui servent à tresser les nasses. Lorsque cette odeur a disparu, on couvre le ‘aga avec des morceaux de corail plats, afin que le poisson confonde cette nasse avec une caverne dans un tas de madrépores.

3- Le ‘inaki est un véritable panier tressé

avec les même racines que le ‘aga. Il est de forme arrondie et n’a qu’un orifice à la partie supérieure, comme une souricière. . On y jette à l’intérieur un morceau de nacre dont l’éclat attire le poisson. Une fois dedans, il lui est impossible de sortir. Lorsque quelques poissons ont été pris, d’autres veulent les imiter. Les ‘inaki ne sont dissimulés par des coraux comme les ‘aga, mais restent découverts pour que les poissons puissent voir le morceau de nacre qu’ils croient être un petit poisson.

 

Autres pêches :

-- Le tago-ika : crabes et petits poulpes 

C’est une pêche réalisée surtout par les femmes et les enfants qui vont chercher des crabes sous les pierres à la marée basse ou des poulpes sur les roches volcaniques derrière l’île ou sur les récifs qui entourent l’Archipel comme d’une ceinture.

-- La poulpe de grande taille (‘eke) se pêche différemment :

 de même que la tortue et plusieurs autres poissons de grandeur prodigieuse, était un « poisson royal ». Celui qu’ils appellent urua a bien un mètre de longueur et son diamètre est de 35 centimètres. Sa tête n’a pas de museau et rappelle celle de la carpe et sa chair est délicieuse.

Pour que la pêche aux poulpes soit fructueuse, on jette un interdit sur l’îlot où l’on désire qu’ils se propagent. Cet interdit est signalé par une branche d’arbre appelée unu que l’on plante sur le récif. Il suffit de 3 mois pour obtenir une grande quantité de poulpes qui seront portées au Roi. Les autres capturées ensuite seront partagées.

-- Le maemae

est encore un poisson qui mérite d’être mentionné : Sa pêche s’effectue de façon assez semblable à celle qui a lieu au moment du « frai », et que nous avons décrite plus haut. Ce poisson ne se reproduit pas dans l’Archipel ; il vient tous les 7 ou 8 ans, de la haute-mer et par conséquent d’autres îles. Il arrive par bancs énormes, à peu près comme les harengs. Le maemae est petit quand il arrive et on en mange à profusion. Les survivants quitteraient l’archipel pour aller ailleurs si les pêcheurs n’avaient soin de les effaroucher. Alors, ils vont se cacher dans les creux du récif de corail et finissent par y rester. Ils deviennent gros et prennent le nom de paua. Ce sont les meilleurs poissons de l’Archipel.

 

Honoré Laval  – Mangareva, histoire ancienne d’un Peuple Polynésien  P.250 à 259.



18/03/2017
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