Les îles Gambier, un Musée d'Histoire pour l'Océanie

Les îles Gambier, un Musée d'Histoire pour l'Océanie

. Monique Richeton 2011

Les îles Gambier présentées par Monique Richeton - Février 2016

Groupe Tahoeraa Huiraatira à l'Assemblée de Polynésie Française :

 

Commençons notre série de portraits par Monique RICHETON, élue des Gambier. Aussi discrète que bosseuse, elle est un des piliers du Tahoera’a Huiraatira. Découvrons son parcours, raconté avec simplicité et sincérité. Merci Monique !

 

https://static.blog4ever.com/2015/04/801019/Monique-Richeton.jpgPrésente-toi...
Pour commencer, bonjour à tous et merci de penser à moi pour débuter cette série de portraits. Et j'espère que cette interview satisfera toutes vos questions !

Je suis Monique LABBEYI, épouse RICHETON. J'ai deux enfants, un garçon et une fille. Mon parcours ? J'ai commencé à travailler très jeune, aussitôt sortie du primaire, avec mes grands-parents, dans le commerce, l'agriculture et l'élevage. Pourquoi l'agriculture ? Tout au début de Moruroa, le CEP voulait que les Gambier fournissent les légumes. Un ingénieur agronome a été mis à notre disposition pour nous préparer, pour nous organiser. C'était un grand travail parce qu'il ne suffisait pas de planter que de la salade et des tomates, il fallait planter un peu de tout pour satisfaire les commandes. Je pense que c'était une réussite, on arrivait à fournir 5 tonnes tous les lundis. Un bateau militaire arrivait chez nous le vendredi après-midi, au plus grand bonheur de la population parce qu'il passait des films les soirs, vendredi, samedi et dimanche. Et le lundi matin, les gens apportaient leurs légumes au quai pour les peser. C'est la raison pour laquelle que je m'y connais en agriculture, c’est devenu une passion. Ensuite, il y a eu la perle. Le premier à faire de la perliculture chez nous, c'est Bill REED, un biologiste Australien. Après, vers 1974-1975, comme il voulait retourner en Australie, il a vendu sa ferme à WAN. C'est comme ça que WAN a commencé à faire les perles. Il faut dire que ça n'a pas toujours été évident pour WAN. C'était tout nouveau, il fallait expérimenter, il fallait trouver de bons greffeurs pour avoir de belles perles. A cette époque-là, il y avait déjà BROUILLET qui était à une nuit de bateau de chez nous, à Marutea Sud. Oui, il faut dire que Wan a du mérite, les 5 premières années ont été très dures pour lui, mais il a persévéré et tout le monde connait sa réussite. Peu de temps après, la population des Gambier voulait se lancer aussi dans la perliculture. On a commencé à mettre en place des coopératives. Après les gens ont créé de petites sociétés. A l'époque, c'était plus facile. On était moins nombreux donc on pouvait choisir les concessions maritimes. Après les jeunes se sont intéressés aux perles et d’ailleurs c’est devenu notre première ressource. C'est pour cela qu’il faudrait que l’on fasse très attention à notre lagon. C'est grâce aux perles qu'on arrive à vivre dans notre ile. L'avion vient 2 fois par semaine et deux bateaux, Nukuhau et Taporo, toutes les 3 semaines. De ce côté-là, on n’a pas à se plaindre. 

Et tu rentres en politique...

J'ai commencé avec des élections municipales. C'était mon cousin, Lucas PAEAMARA, le maire mais il ne pouvait pas se représenter. Il venait d'être déclaré inéligible par le tribunal. Alors des personnes âgées ont commencé à venir me voir, elles ont vu ce que j'ai réalisé. J'ai suivi mes enfants dans leur éducation. Ils étaient dans l’obligation de quitter tôt les Gambier pour poursuivre leurs études aux collèges. Donc en 2001, quand les personnes m'ont proposé d'être maire, je n'ai pas tout de suite dit oui parce que je savais que ce n'était pas une mince affaire que de gérer une commune. Mon mari étant directeur d’école exigeant, nous travaillions déjà en collaboration avec les familles pour la réussite de leurs enfants et la poursuite de leurs études à Tahiti, c’est pour cela que je savais déjà la lourdeur et la responsabilité du travail à venir. Alors j'ai répondu : “j'accepte à une condition : qu'on travaille ensemble.”. J’ai fait 2 mandats et je pense que mon conseil et moi-même avons accompli beaucoup de projets. Les services publics étaient en harmonie avec la commune. Ma devise était l’union de tous les services pour notre commune, tout le monde devait travailler pour notre population.
La première aide octroyée par le Pays, c'était pour agrandir notre quai, puis nous avons réalisé le bétonnage de quelques kilomètres de route, la construction d’un nouveau hangar-atelier pour la commune, la rénovation des classes, l’aménagement du littoral, la construction de l’aérogare qui se trouve sur un motu, on quitte le village avec la navette pour y aller, mais comme il est très exposé aux vents et à la pluie, il faut entretenir régulièrement sinon cela se dégrade très rapidement. La commune essayait d’apporter son soutien à l’équipement pour l’entretien de l’aéroport, parce que je voulais que l'aérogare soit agréable et convivial quand l'avion arrivait de Tahiti, car c’est le premier contact du touriste avec notre archipel. Dans les îles, loin de Tahiti les services publics doivent gérer ensemble pour le bien-être de la population. La plupart du temps nous sommes obligés de compter sur nous-mêmes. Un exemple : une fois, on a eu une grosse houle, notre piste d'atterrissage était envahie par des coraux et des débris, l’équipement et la commune se sont donné la main pour que l’avion puisse arriver l’après-midi même sinon l’avion aurait dû faire demi-tour. Souvent même, nous sommes obligés de prendre des initiatives. Pendant mon mandat, nous avons eu également l’aide du Pays pour la rénovation de notre cathédrale, chantier qui a duré 18 mois. On ne remerciera jamais assez l’Etat et le Pays pour cette réalisation, je remercie également notre architecte Dominique TOUZEAU.

Pourquoi avec le Tahoera'a Huiraatira ?
Quand j'ai commencé en politique, aux Gambier, 90% étaient Tahoera'a. Et puis, notre Président est né chez nous, sa maman est originaire de chez nous. Il est un pur Mangarévien ! (Rires) J’ai confiance en notre Président Gaston FLOSSE.

Le plus dur en politique ?
Il faut arriver à réaliser sa profession de foi et surtout essayer de responsabiliser les personnes dans leur vie familial et au quotidien.

Justement, hier la commission de la santé s'est réunie pour débattre de la problématique des SDF. Quel est ton sentiment sur ce dossier ?
Je ne sais pas par où commencer, le dossier est tellement vaste et complexe. Je pense que, parmi les SDF, il y a beaucoup qui viennent des îles. Je pense que leur avenir et leur bien-être est de rentrer dans leur île pour qu’ils puissent retrouver leur famille et se retrouver chez eux. Dans les îles, peut-être qu’il n’y a pas tout ce qu’il faut mais il y a comme même une vie plus agréable, comme pêcher son poisson, faire son coprah, etc.…. Ici, ils restent là à ne rien faire. Il faudrait les convaincre de rentrer dans leurs îles, ce ne sera pas facile au début mais c'est la meilleure solution sur le long terme. Il faudrait qu'ils retrouvent le goût de travailler, pour eux-mêmes tout d'abord et puis pour la communauté.

Un dossier qui te tient à cœur ?
Comme je te disais, la santé, l'éducation et l'agriculture sont des domaines qui me tiennent à cœur. La santé, c'est le RST, c'est la PSG. Tout le monde a besoin de se soigner. Il faut qu'on arrive à régler ces deux dossiers-là. La santé n'est pas un ministère facile. Il faudrait que l'on prie souvent pour aider notre ministre de la santé. Tout suite après, c'est l'école. Que chaque enfant puisse aller à l'école. Il faut à tout prix donner de l'éducation à nos jeunes. Qu'ils apprennent aussi le civisme comme le respect, ça c'est très important ! Aujourd'hui dans la rue, dans les petits passages, c'est eux d'abord. Ils ne regardent même plus si la personne en face est âgée ou quoi. Ils ne savent plus attendre. Ils sont toujours pressés. Je me demande, pressés pourquoi faire. Et puis, parfois je rencontre des jeunes qui me redonnent espoir. Je pense qu'il faudrait que notre ministère travaille davantage avec les professeurs, les instituteurs au primaire et les professeurs au secondaire. Il faudrait remettre ces quelques minutes de civisme parce que, quand il n'y a plus de respect, il n'y a plus de joie, tout devient stressant.

Un dernier message ?
En ce moment, on parle souvent d'environnement que ce soit la mer, la plage, la nature, dans notre cour ou sur la voie publique et en montagne. C’est vrai c’est un sujet qui concerne tout le monde. Si chacun fait ce qu’il peut, c’est déjà un début. Mais il ne faut jamais penser que cela est l’affaire de la mairie ou du Pays, c’est l’affaire de nous tous. On doit travailler ensemble. 
Comme vendre le poisson au bord de la route alors qu’ils n’ont même pas atteint la taille d’être pêché. Pourtant, on a fait des prospectus pour informer mais les gens ne respectent plus rien, il faut que l’on sanctionne. Là, je pense à Jacqui BRILLANT. Il a mis des règles, mais seulement maintenant il faut les appliquer.

Merci encore pour ce petit tête-à-tête, ça me fait toujours plaisir de parler de notre Fenua !

 

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03/02/2016
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