Les îles Gambier, un Musée d'Histoire pour l'Océanie

Les îles Gambier, un Musée d'Histoire pour l'Océanie

. Tapa = papyrus de l'Océanie

LE   TAPA

 

Ces tissus végétaux sont fabriqués depuis des siècles dans toutes les îles du Pacifique.

-- Le tapa est obtenu par la technique de l’écorce battue, l’écorce provenant de branches ou de racines de plantes indigènes ou importées depuis très longtemps.

-- Il y a plusieurs espèces d’arbres et arbustes utilisés dans le Pacifique pour confectionner le tapa. Toutefois, en ce qui nous concerne ici, aux Gambier, il y en avait, presque exclusivement, deux :

-l’arbre à pain (Artocarpus incisa) pour une étoffe épaisse et destinée à un usage ordinaire appelée kopiro,

-et le mûrier à papier (Broussonetia papyrifera, eute en mangarévien) à partir duquel on pouvait obtenir une étoffe fine comme de la dentelle, solide, et d’un beau blanc, appelée rereki.

 

La particularité est qu’aux Iles Gambier, l’eute restait de petite taille s’il n’était pas cultivé.

Pour l’obtention de plus grandes pièces de tapa, les mangaréviens travaillaient la terre et l'enrichissait;

l’arbuste ainsi cultivé s’appelait puri donnant une écorce apte à fournir de belles étoffes au bout d’un an.

Le rereki est un tulle fin et blanc, destiné aux cérémonies, cérémonies que nous dirions, en Occident, civiles ou religieuses .

 

 

Une fermentation plus longue de l’écorce remise en paquet permettait l’obtention de longues et larges pièces de toga blanches,

et pour l’obtention de grandes pièces encore plus épaisses, la grande pièce de toga était suspendue à un arbre, replissée avec les mains après avoir été aspergée d’eau ; l’étoffe épaisse ainsi obtenue s’appelait le tupunu

 

-- Les tapa de ma découverte sont du rereki.

 

-- Concernant les pigments utilisés : un pigment est constitué d’un substrat minéral appelé « charge » et d’un additif, apportant surtout la couleur spécifique, d’origine végétale pour les tapa traditionnels. Une expertise pratiquée sur un des feuillets en indique de deux types :

- ceux, destinés à créer les dessins ou les écritures (dessins, peut-être chargés d’un sens, des proto-écritures ?)

- et ceux destinés à colorer l’écorce.

 

- Dans les pigments noirs, qui sont plus ou moins cristallisés, la charge est à base d’un ou plusieurs aluminosilicates, très riches en silice et la couleur provient d’une matière organique naturelle. Celle-ci Cette matière est très vraisemblablement du « noir de suie » (obtenu par calcination de végétaux oléagineux) et d’une colle végétale.

- Dans les pigments bruns, ocre ou ocre-jaune, la charge est encore constituée d’aluminosilicates très riche en silice, mais la couleur provient d’oxydes de métaux variant suivant la teinte voulue : par exemple l’oxyde fer donne des bruns rouges et l’oxyde de titane donne des ocres ou ocres-jaunes.

 

-- J’accorde une certaine importance dans mes recherches à la décoration des tapa et aux tatouages :

aux Iles Gambier, on utilisait par exemple des plantes spécifiques suivant le but recherché, tel que l’aleurite triloba dont l'amande (noix de bancoul) brûlée fournissait la teinture noire utilisée pour les tatouages et la décoration des tapa, et le rega (uringa ou curcuma longa) dont les racines fournissaient une coloration jaune, plante qui se cultive à la manière de nos pommes de terre et qui à Mangareva était cultivé de la même façon que le puri (labour et enrichissement de la terre) (voir Père Laval P.272).

 

Le tatouage est décrit par le Dr. Lesson en 1840 comme très spécifique aux Iles Gambier :

« un armorial gravé sur la peau, des dessins particuliers, quelques chefs portaient de riches emblèmes héraldique » P.146-147.

 

-- Le parfum est aussi un élément, souvent oublié. Après le battage, le séchage et la teinture des étoffes obtenues normalement, celles-ci peuvent être parfumées de plusieurs manières ; la technique consiste à parsemer quelques plantes odoriférantes flétries directement sur une étoffe étalée qui sera ensuite enroulée, le tout bien serré et attaché, ou sur une étoffe, préalablement trempée, après séchage à l’ombre dans du lait de coco additionné de rega.

Aussi, les insulaires des Iles de la Société aimaient beaucoup à se frotter d’huile, les cheveux et tout le corps. ; ils employaient une huile odoriférante préparée avec le bois de santal et autres bois et fleurs, dont le parfum eût été recherché dans les pays les plus civilisés.

Je n’ai malheureusement retrouvé aucune source spécifiant le caractère répulsif bien connu aujourd’hui du santal pour éloigner les rats et les insectes aux Iles Gambier, mais je suppose que comme les feuillets ont bien peu été endommagés depuis leur confection il y a 2 siècles, c'est sûrement que les ancêtres devaient connaître cette qualité répulsive de certains végétaux dont le santal fait partie. L'odeur d'encens dégagée par les relique peut faire penser que le morceau de bois du To'o pouvait avoir été choisi dans ce but, et que sa fonction de support des reliques, quand il y était, consistait à bien les conserver.

 

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21/07/2017
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