Les îles Gambier, un Musée d'Histoire pour l'Océanie

Les îles Gambier, un Musée d'Histoire pour l'Océanie

. L'Atua, un ministre, un chef

Toutes les quatre générations... 

I - Le Bao en Mélanésie ou l'Atua Polynésien :

Passage du livre : "Do Kamo, La Personne et le Mythe dans le monde Mélanésien"

(dans  le Monde Océanien en général) Page 82 :

Maurice Leenhardt, missionnaire en 1840 en Nouvelle-Calédonie, nous y explique les multiples formes de pensées et d'agir qui ont guidé les Peuples des îles à survivre : art de la parole, connaissance des astres, et mythe des ancêtres. 

"La vie est une suite d'évènements répétitifs et la généalogie en est une démonstration : ... et j'appris ensuite que le corps de l'homme mort, et l'homme lui-même, se désignait "bao". Il n'y a pas de dieu, ni de soutien, ni dépouille. Nulle différenciation, nulle distance entre le cadavre et le dieu. Ces notions se recouvrent. Le "bao" est tout cela. Les dernières funérailles, qui ont lieu 3 ou 4 ans après le décès semblent consacrer ce changement. Le défunt est désormais dans le séjour où il se joindra aux danses, sans fin, des "dieux"...L'esprit du défunt, image du cadavre et image du "dieu" ne sont pas encore dissociées, sa pensée flottante va de l'un à l'autre et, dans ce mouvement, donne sa forme à la notion de "bao". Le "bao" ne commence pas son existence à l'instant du dernier soupir du vivant. Il coexiste déjà avec les vivants.Il y a des vivants qu'on nomme "bao" : des gens prestigieux, ou étranges, des vieillards, on dit qu'ils sont des "bao" (ce sont les Atua des Gambier). Les avis sages de ces vieillards ou personnes hors cadre, la tradition qu'ils peuvent représenter, dépassent la société actuelle, la débordent, et la dominent. Leur Sagesse participe à celle que l'on trouve au contact des ancêtres et des "dieux" (d'où le culte mythique des ancêtres). Elle leur confère une part dans la Société intemporelle qui coexiste avec la société actuelle, et donne à celle-ci une assise dans l'invisible. (d'où le rôle des messagers "otumatua" )

On comprendra mieux leur rôle si l'on s'arrête un instant à regarder comment les Mélanésiens comptent leur générations :

Ils n'en retiennent que quatre. le petit-fils, le fils, le père et le grand-père. Car la Société compte 4 générations, et au travers des siècles, ce sont des groupes de 4 générations qui s'imbriquent les unes dans les autres. S'il arrive qu'un petit-fils connaisse de son vivant son arrière-grand-père, il ne l'appellera pas son bisaïeul, mais son frère. Ce frère, viellard courbé, il le considère comme un "bao". Il lui parle comme à un "bao"; et quand ce grand-frère sera mort, il ira à l'hôtel (marae), ahu), continuer de rechercher de même façon et mieux encore, la compagnie et l'appui de son frère. 

Il y a donc coutume, lors des fêtes des récoltes, de ne pas prier les "ancêtres", mais de s'adresser aux couches successives de générations ascendantes, figurées par les frères aînés de clans. (Atua).La vie intellectuelle de l'aïeul et celle de l'enfant se déroulent dans le même cadre, mais l'une monte, et celle qui descend donne toutes ses clartés, clartés de la vieillesse, clartés d'un "dieu" d'un bao (Atua/Sagesse), pour éclairer cette ascencion : embryon d'une relation spirituelle affirmée, du vivant de l'aïeul, dans sa qualité de "bao" (Atua). Et nous sommes à même enfin de comprendre le rôle et la nature des "dieux" mélanésiens (Atua en Polynésie) -d'où une compréhension avancée de la transmission de vocations différentes suivant les Atua, grands Sages, guérisseurs, prêtres de cérémonies, de navigations, de musicologie, d'arts vestimentaires, d'astronomie, de fertilité, de fécondité-...

Ils demeurent l'appui permanent de l'homme et de la Société, ils ne sont pas nés d'une représentation mythique, encore moins d'un mythe, mais d'un effort d'intellection devant l'observation de la vie physique déclinante, tandis que la vie intérieure se maintient en sa fraîcheur permanente au-travers de la Sagesse (ou du don, de la vocation) du vieillard. 

 Naissance d'une mythologie pour les Européens : Et parce qu'il procède d'une intellection, le travail d'affabulation (de légendes) sera possible qui permit un jour de décrire la vie du bao de devenir dieu légendaire , et de créer ainsi une mythologie. Mais ici, en Mélanésie comme dans toute l'Océanie, le bao (Atua) reste très en deçà de ce moment...". 

 

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12/07/2015
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